mardi 17 janvier 2017

Thomas Mann et la Traduction magique

Une nouvelle traduction de La Montagne magique? On applaudit, forcément. D'ailleurs, il n'y a qu'à admirer la couverture de cette nouvelle traduction pour comprendre qu'elle est magique (et montagneuse). Un énorme bandeau annonce en caractères aussi gros que le titre qu'il s'agit d'une "nouvelle traduction"; cette mention est même assortie d'un "blurb" de Marie Darrieussecq: "Un nouveau souffle pour La Montagne magique, un sommet".

Ce nouveau sommet est un véritable soufflé magique, en effet, on ne peut plus soufflant et assurément magique: le nom de la traductrice, Claire de Oliveira, ne figure tout simplement pas en couverture. Pudeur éditoriale? L'édition précédente chez Fayard, dont la traduction était signée Maurice Beitz et qui datait de 1931, portait, elle, la mention du nom du traducteur. Bref, l'ancien traducteur a été remplacé par la nouvelle traduction… Le travailleur par le travail…  Mais il est vrai que le nom de Darrieussecq est sûrement plus attractif que le nom d'Oliveira. Et qu'on est ravi d'apprendre que la montagne est un sommet. On en grimpe de joie.

Un nouveau souffle? Pour les traducteurs qui se battent constamment afin que leur nom apparaisse sur la première de couverture, l'effet est plutôt celui d'un vieux relent. Il faut dire que lorsqu'ils réclament d'être mentionnés en couverture – ce qu'ils peuvent faire par clause spéciale dans le contrat –, on les soupçonne aussitôt de mégalomanie, d'orgueil, de vanité, etc. – même si bien sûr l'éditeur, méfiant de leurs prérogatives, est ravi de les envoyer au charbon quand il s'agit de répondre à des entretiens portant sur le caractère nouveau de ladite traduction (surtout quand l'auteur est mort…), ou même de se plier à une séance de dédicaces (comme chez Gibert Joseph le 3 décembre). A ce propos, on lira avec intérêt l'entretien accordé par Claire de Oliveira au site TV5-Monde.

Ah, j'allais oublier de conclure ce poste. Il lui faut une morale. Hum. Une morale? Hélas, je n'en vois aucune dans cette histoire.

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