vendredi 17 avril 2015

Est-ce ainsi que les zeugmes vivent ?

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Nous sommes vendredi, le jour du poisson, ce mammifère fort peu palmé qui a fait des choix discutables et aime les câpres. Je vais vous laisser quelque temps, le temps d'aller à Vienne, en Autriche, où vivent Thomas Bernhard et ma fille Louison qui nous invite à l'opéra, au théâtre, au concert et, j'espère, aussi au vénérable Café Prückel où les lesbiennes peuvent désormais s'embrasser si le message est passé. Puis j'irai à la campagne, au volant de ma Toyota (oui, adieu, Picasso Xsara de mes deux bien pourrie), là où l'herbe est plus verte qu'en ville, dans cette Haute-Marne recluse et quiète, parsemée de chevreuils timides et d'escargots hilares. Bref, vous m'aurez compris, je vais aller lire (trois cents livres + le nouveau manuscrit de James Flint, hourrah) et écrire dans  un sanctuaire hermétique aux ondes, par conséquent inaccessible aux agressions du démon Wifi. Et aussi cuisiner des trucs de dingue, avec une fort option libano-vietnamienne. Donc, que dalle sur ce blog avant le 4 mai.

Au programme des ces quelques jours hors antenne, des tonnes de lectures (merci aux éditeurs qui m'ont envoyé des exemplaires de presse! merci ! et merci aux libraires qui m'ont vu me ruiner le sourire aux lèvres!). Du travail, aussi, puisque je suis en train de finir la traduction de You Bright and Risen Angels, de William T. Vollmann pour Actes Sud, à paraître l'an prochain, ainsi que celle de A Naked Singularity, de Sergio de la Pava, pour Lot 49, à paraître également courant 2016. Que vous prépare-t-on d'autre en concoction traductive ? Bonne question. Un texte sublime d'Eleni Sikelianos, You animal Machine, pour Actes Sud. (Eleni que je remercie d'ailleurs pour toutes ses suggestions de lecture, car grâce à elle j'ai pu m'abîmer dans les abysses d'Anne Waldmann (la plus grande), d'Alice Notley; (la plus intense), de Benedict Mayer, de C.D. Wright,  de Lorine Niedecker, de Brenda Coutlas. Oui, que des femmes. Et alors?)

Et aussi, toujours en traduction, le dernier livre de Raymond Federman qui n'a pas été traduit, Take it or Leave it. Et dans la foulée, ma foi, je crois, un court roman brouteur de David Duchovny, Oh la vache!, à paraître chez Grasset (merci Pierre Demarty, fier bouvier de textes aux estomacs multiples). Meuh, oui. Autre chose? Non. Car pour nous la traduction, après ça c'est fini. Kaput. Over. Je tire un trait. J'arrête. Je capitule. Sauf si bien sûr on me propose un texte de la mort qui tue sa race… Arf.

Côté écriture, ça sera un nouveau roman, trois ans après Tous les diamants du ciel, à paraître en rentrée, le 19 août 2015 chez Actes Sud. Il s'appellera Crash-test, et parlera de crash-test, de strip-tease, de l'actrice Linda Lovelace et du film Gorge Profonde, de l'adolescence qui travaille le corps, de la cellule familiale qui le bousille, des bandes dessinées pour adultes qui font monter la mousse, de l'alcool en milieu hostile, mais essentiellement ça parlera  forme et  poésie, enfin on l'espère.

Côté blog, je m'interroge sur l'intérêt du Clavier Cannibale. Ce blog est important pour moi, certes, j'y passe un certain temps, il absorbe quantité d'écrits, de lectures, d'intuitions, de réactions, de critiques,  ça se passe en général très tôt le matin, après une courte nuit succédant à la fin d'une lecture (oh pardon sweet Marion si parfois je te réveille quand le clavier m'appelle, vu que franchement, il ne fait pas le poids devant toi). Mes posts, parfois, en énervent certains, il paraît même que je fais preuve de mauvaise foi, de fiel grossier, bref, il est possible que mon entreprise, à défaut d'être nécessaire, frôle le superflu. Mais j'aime croire que ce mot peut s'écrire aussi ::: super flux.

22 commentaires:

  1. A Naked Singularity, de Sergio de la Pava, ca sera a lire, c'est remarquable
    ceci dit son autre livre (de sergio de la Pava) Personae (plus court) est encore plus remarquable
    sera ce la prochaine traduction ??
    il faut se depecher car il est en train d'en ecrire un autre qui devrait bientot paraitre

    pour ce qui est du blog : le continuer
    bien sur il sert parfois d'exutoire (a l'auteur, aux lecteurs)
    mais globalement ce qu'on y lit est tres souvent digne d'interet
    je ne citerai pas d'autres blogs (ou critiques), mais certains volent vraiment tres bas (meme pour des possibles lecteurs de haute marne (nobody is perfect), et je ne parle pas des escargots frangibles (ceci dit avec une pointe de kirsch et un peu de liveche ou de bouillon de poule......et bien sur bail perseuille).

    ne pas oublier le grüner veltliner puisqu'en autriche
    ni les cafes frappes a la glace et chantilly (le tout a l'odeur (forte) des caleches de st stephan)
    pour le cafe je prefere celui de la maison de hundertwasser, au petits carreaux de ceramique noirs et blancs

    fucking busy ou busy fucking ?? je prefere encore la reference ovine d'Alain de Greef a propos de canal+ devant le CSA


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  2. Hé là, ne vas pas nous lâcher ! Des vacances, d'accord, une interruption temporaire du clavier pour cause de retraite campagnarde studieuse, OK, mais la fermeture dé-fi-ni-tive est inenvisageable, les accros à ton blog (dont je suis !) n'y survivraient pas !!!

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  3. Sur le camp, ça dépend des jours et des humeurs, mais sur l'intérêt du blog, pas de doutes... Bonnes vacances !

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  4. Le Clavier : un intérêt en mode majeur.... N'empêche : je me suis toujours demandé si vous n'étiez pas un extra-terrestre hors d'atteinte du temps. Comment faites-vous pour nous jouer tous ces airs? Ah! On peut dire que vous la connaissez, la musique!
    C'est ça, le vert, le calme, des livres, et pas de connexion. Ouf! Enfin! Mais revenez!

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  5. Ah ouais non, super flux définitivement !
    Je ne renoncerai pas à mon café cannibale du matin !!

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  6. Bonnes vacances, ô auteur délectable. Puissent-elles vous être profitables et riches en bonnes choses autrichiennes, trop nombreuses pour être ici listées.
    Mais par pitié, reviendez nous. Où ailleurs pourrions-nous trouver d'aussi plaisantes et originales idées de lecture et de réflexion sur notre monde ?

    Et si vraiment vous deviez vous ennuyer, une idée de (re-)traduction à mener, ou en tout cas de réédition à encourager : "La Chance d'Omensetter" de William Gass, malheureusement introuvable depuis des lustres.

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    1. Rohh oui, "La Chance d'Omensetter", quelle belle idée de retraduction !

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  7. Des vacances oui, mais s'il vous-plaît, continuez le blog ! Il éclaire des journées de cours et allège ma bourse, mais c'est surtout comme ça qu'on l'aime tous je crois, ricanant, irrévérencieux, philosophique (parfois) et définitivement unique !

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  8. bein moi je sais toujours pas si vous traduisez ou non "le plus beau livre du monde" (j'avais demandé une fois, pas de réponse), parce que ça m'a donné très envie. Donc avant d'arrêter la traduction va falloir nous traduire ça. D'autre part, où en est celle d' "infinite jest" ? ... A part ça , bonnes vacances et lâchez rien

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    1. infinite jest c'est annonce pour fin aout courage
      en attendant il y a meme de beaux livres a lire (cf le cannibale clavier, non tempere)

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    2. C'est une info certifiée Infinite Jets pour fin août?

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  9. Oh non ! Mais que nous restera-t-il ? Non ! Vous êtes indispensable, nécessaire, une bouffée d'oxygène.
    Les biens-pensants nous envahissent, au secours ! Revenez ! Grossier, de mauvaise foi, mais c'est n'importe quoi ! Vous voyez, ils sont partout.. Ne les écoutez pas, ne tenez pas compte de ces envieux, de ces jaloux, ils n'ont pas d'importance.
    Vous savez bien, vous, ce qui est important. C'est d'être discret la nuit pour vous rendre à votre clavier.
    Restez, please !


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  10. Si ce blog ferme, j'arrête de lire.

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  11. La Haute-Marne ne vous distraira point de votre travail, généralement en toutes saisons c'est plutôt humide et froid avec une quinzaine au max trois semaines d'été qui sont aléatoirement attendus de juin à octobre, des souvenirs d'enfance et d'adolescence entre Joinville et Revigny. Pâturages et fermages avec au loin de tristes cités faiblement éclairées, le taux de suicide rivalise avec celui du grand ouest. Vous allez me manquer, ne sautez pas du train, je vous aime!

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  12. Je dis ça, je ne dis rien, mais c'est par le blog que j'ai découvert Cosmoz et que j'ai programmé "Madman Bovary" pour mes prochaines vacances bretonnes (après la relecture de l'original et la lecture de la biographie ènèrèf de Flaubert). On ne sait par quels détours les livres se faufilent jusqu'à nous, mais nul doute que, sans vous, je serais passé à côté du tiens-comment-se-fait-il-qu'il-ne-soit-pas-culte "le concierge de nuit", de Stephen Schneck.

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    1. Je dis ça, je dis rien, mais Madman c'est le meilleur.
      (Flaubert aussi) (mais c'est du Claro qui parle de Flaubert donc logiquement...)

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  13. Ah non, pas de blague, faut continuez !

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  14. Continuez cher Claro à animer ce blog car il est unique sur la toile. Il est impertinent, nous instruit en même temps.

    Pour la traduction, je comprends les raisons qui peuvent vous pousser à arrêter : cela prend énormément de temps et d'énergie, la reconnaissance des traducteurs est limitée malheureusement.

    Continuez néanmoins à écrire, que ce soit sur un support ou un autre : ce blog, vos propres livres, des traductions d'auteurs étrangers.

    Sans vous et votre collègue pour ce qui est de la collection Lot 49, plusieurs auteurs, tels Powers, Gass, Harding et d'autres ne seraient pas connus en France donc j'espère que Le Cherche Midi n'abandonnera pas cette collection.

    Un jeune libraire enthousiaste.

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  15. Votre blog et L'Alamblog (d'Éric Dussert) forment les deux poumons indispensables à la respiration en milieu littéraire. S'il ferme, je crève à moitié. C'est compris?

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  16. Claro, écoute bien je ne vais pas le dire deux fois : non seulement tu ne vas pas arrêter ce blog, mais la traduction non plus tu ne vas pas l'arrêter.

    Don Corleone.

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  17. Les libraires désoeuvrés vous tirent le chapeau et vous supplient de continuer à dérouler ce super flux, en effet unique sur la toile, qui illuminent leurs (rares) accalmies. Si vous arrêtez le blog, on arrête de vendre vos livres. Bien cordialement,

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