dimanche 31 janvier 2010

Anatomiquement vôtre

Les éditions José Corti avaient publié l'immense Anatomie de la mélancolie de Robert Burton, dans une traduction de Bernard Hoepffner: il était donc dans la logique des choses qu'elles publient aujourd'hui La Mélancolie de l'anatomie, de Shelley Jackson, également traduit par BH. Nos vies sont des humeurs qu'il convient de faire chanter, et Shelley Jackson, auteur à surveiller, décline ici les diverses facettes d'un corps réinventé, souvent menacé, toujours loquace. La psyché est un blason qui s'ignore, et dans ces pages tour à tour radieuses et crépusculaires, l'auteur se livre à un inventaire vibrant des entités qui nous aident à entrer ou sortir du monde: œuf, sperme, fœtus, cancer, nerfs etc. L'idée de résidu est portée à ébullition, et les vapeurs enivrantes. Sûrement un des plus beaux livres traduits en ce début janvier. Allez, mise en bouche:
"Il existe des cœurs plus gros que des planètes: des cœurs noirs qui absorbent la lumière, l'espoir et les particules de poussière, qui mangent les comètes et les sondes spatiales. Dirigeables immobiles, menaçants, ils flottent dans l'espace vide entre les galaxies. Nous ne pouvons pas les voir, mais nous savons qu'ils sont là, et engraissent."


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