mercredi 23 septembre 2009

Point de suspension


Calexico sérénade une reprise de « One more cup of coffee ». Dehors, le brouillard ne laisse guère de chance aux branches. Une mouche discute avec une miette de pain. Un tracteur, au loin, conspire, à l’insu des sillons. La main, distraite, arrache à l’étagère un livre, un roman sauvé du naufrage d’un vide-grenier : Mais… l’amour vint, par T. Trilby. Peut-être est-ce un des rares ouvrages possédant des points de suspension à l’intérieur même de son titre. Allez savoir.
Publié par Flammarion en novembre 1954 dans la collection *Cœurs*. L’histoire est déchirante : une jeune femme voudrait se consacrer à l’écriture, après avoir remporté un prix littéraire (le prix Minerva), mais les finances familiales font qu’il vaudrait mieux qu’elle épouse un nanti. Le temps de la narration est le présent ; troisième personne du singulier. L’héroïne s’appelle Odette de Lymaille. C’est bon signe. L’intrigue débute avec Odette en panne sèche, sommée d’écrire un sonnet sur des chrysanthèmes. Grosse tension. La mère remet les pendules à l’heure : « La poésie et la vie, petite, ce sont deux mots qu’il ne faut pas vouloir mettre ensemble. »
Shit. Allons, il doit bien y avoir un paragraphe, une phrase à sauver. Cherchons. Ah, quand même, page 217: « Au siècle où nous vivons, la littérature est une marchandise comme une autre. Le public ne l’achète que si on la lui recommande. »
Il était temps que l’amour vienne.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire