lundi 1 septembre 2008

Bordel flottant


Des néons sous la mer – premier roman du dextre Frédéric Ciriez – ne se contente pas d'être le premier roman à décrire superbement une partie de baby-foot. Telle une bonne fée marraine légèrement perverse, et n'ayant pas de potiron sous la baguette, ilréussit l'exploit de changer en sous-marin en maison close et ce qui aurait pu être un essai "fake" en boîte noire des pulsions vénales. Et comme si ça ne suffisait pas, Ciriez se paie quelques échappées belles, de vrombissantes lignes de fuite dans la cambrousse paimpolaise. En rusé wizard, Ciriez adopte d'emblée un ton d'une élégante éloquence, afin de mieux nous leurrer dans son submersible: "L'éblouissante arrivée dans l'entrée du chenal de Paimpol, de jour, par beau temps, en voilier ou en caboteur, rappelle quant à elle la sérénité grandiose de la pleine mer qui baigne les îlots de certains archipels grecs." Lecteur, te voilà discrètement prévenu: gare aux sirènes! Car très vite l'auteur nous ouvre des portes, nous donne à entendre des voix, par le truchement du préposé au vestiaire de ce U-boat lupanar; le livre, alors, largue les amarres, de petits destins décochent de brefs éclairs, le narrateur file des fugues ("il y a du vent et de la grippe injectés dans les veines de l'air"…!), une chromologie s'égrène, faisant fi du symbolisme… Objet composite, qui n'a pas peur des grands écarts (on peut passer du marketing des corps au suicide de Patrick Dewaere), Des néons sous la mer se permet tout ou presque: le poète en conseillera la lecture à sa catin.

1 commentaire:

  1. ah, je suis le premier à faire un commentaire ... c'est vrai que ce bouquin est passé à la trappe ... le comble pour une affaire de sous-marin ... ça me rappelle cette blague qu'on faisait sur la corniche, d'hendaye-plage cette fois : "tu sais ce qui fait vingt mètres de long et qui pue le sperme ? un sous-marin" ... sinon je suis vraiment resté en rade dans la rade de Paimpol pendant 3 jours et 3 nuits et je ne me souviens pas d'avoir mis un pied à terre ... quand le vent s'est calmé et qu'il nous mena sur guernesey, l'excitation était tout autre, avec des voitures qui roulent à bâbord ...

    www.guillaumefedou.fr

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